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Historique
L'origine du mot violon remonte au plus profond du XVIème siècle. Ce terme semble attaché à la fois au rebec, violes, lyres, vielles et autres gigues. Il était classé dans le genre des instruments hauts (donc qui jouaient en plein air).
Au XVIIème siècle, les luthiers se penchent sur son cas et, à force de recherches et de travail, parviennent à affiner son timbre et à lui offrir des qualités qui le font apprécier du publique, mais aussi des théoriciens. Mersenne ne lui reconnaît-il pas un pouvoir d'expression exceptionnel ?
C'est en Italie que le violon va faire ses premières armes, car en France, il restera encore discret pendant quelques décennies. Et si Lully l'impose chez le Roi, notamment en imposant la Bande des Vingt-Quatre Violons et les menant à un degré de technicité qui le fera apprécier du monde entier, le reste de la France n'est pas encore tout à fait prête à l'accueillir.
Mais au XVIIIème siècle, il en est tout autrement. Les efforts conjugués des luthiers et de grands interprètes amènent le public à apprécier les sonorités et la virtuosité de cet instrument. L'École Française de Violon est née et rayonnera sur toute l'Europe. Elle annonce les prémices du Romantisme.Le violon
Sans se plonger dans les arcanes de la lutherie et vouloir percer les secrets bien gardés de cet art, une description sommaire de l'instrument est utile.
Le violon est formé de 83 à 85 pièces. La caisse de résonance légèrement bombée, légère doit être suffisamment solide pour résister à la tension engendrée par les cordes. Sur le devant est la table et ses ouïes et à l'opposé se trouve le fond (ou table du dessous). Les côtés se nomment éclisses. Puis nous trouvons : la touche, prolongée par le manche, le chevillier (et ses chevilles) et, enfin, la volute.
En ce qui concerne les cordes, elles sont rattachées d'une part au cordier, passent sur le chevalet pour venir se fixer sur les chevilles du chevillier. C'est à l'aide de ces dernières que le violoniste accorde l'instrument.
La dernière pièce essentielle, mais que l'on ne voit pas, est l'âme. C'est une petite tige cylindrique en bois, placée entre le fond et la table. Elle compense la pression exercée par les cordes. Et la qualité du son dépend de la place de cette âme.
Quant à la mentonnière* n'apparaîtra qu'au XIXème siècle.
Début du ChapitreLes cordes
Les cordes connaissent également certains progrès qui ne peuvent qu'influer sur les évolutions des instruments et de leur pratique.
Ainsi le XVIIIème voit-il entrer en concurrence deux types de cordes :
- Les cordes en boyau simple. Spécialités de certaines villes, les cordes étaient faite avec l'intestin grêle de l'agneau. Teintes en bleu ou en rouge, les cordes fines (appelées chanterelles) provenaient de Rome ou de Munich, alors que Venise, Pistoia ou Lyon se spécialisaient en la fabrication des grosses.
- Les cordes métalliques. Elles sont en acier, cuivre, laiton, parfois en bronze ou en argent. Elles viennent de Nuremberg. Pour les plus gros diamètres, la meilleure technique consistait à filer ensemble deux fil de métal plus minces. La corde ainsi obtenue était à la fois plus souple et plus sonore.
Mais à ces deux types de cordes, s'en ajoute un troisième : la corde filée. C'est une corde de boyau - ou de métal, voire de soie naturelle - autour de laquelle est enroulé un trait (fil de cuivre, laiton ou argent). Cette corde, ainsi conçue, remplaça rapidement les cordes les plus graves de tous les instruments.
Début du ChapitreL'archet
Mais seul l'instrument ne sert à rien. L'archet, complément essentiel, réclame, lui aussi tous les soins de l'archetier. Il s'agit d'une baguette cambrée au fer, sur la quelle est tendue une mèche de crin de cheval.
Si à ses débuts, l'archet était de forme convexe, aux cours des XVII, mais surtout XVIIIèmes siècles, il évolue profondément. La baguette prend, progressivement la forme concave que nous lui connaissons, la tête de brochet se raccourcit, la hausse s'abaisse jusqu'à obtenir le bon équilibre avec la pointe. Et la mèche de crin est tendue grâce à un système de crémaillère. Parmi les archetiers célèbres de ce XVIIIème siècle, nous pouvons citer les Tourte, dont François (1747-1835) qui fut surnommé le Stradivarius des archets.
Début du ChapitreLe XVIIIème siècle voit la lutherie française acquérir ses lettres de noblesses. Si de nos jours le nom de Vuillaume sonne encore à nos oreilles, il ne devrait pas être le seul. Mais la mémoire a souvent des défaillances auxquelles il est parfois difficile de palier.
Voici quelques luthiers qui connurent leur heure de gloire :
- Claude Aubert (av. 1767 - ap. 1789) - installé à Troyes, il forma Alexis Vuillaume et Claude Giron. Il est connu également pour ses guitares à cinq choeurs.
- Jacques Bocquay (ca. 1680 - 1730), il fait partie de la première génération de luthistes construisant des violons. Il est également spécialiste du violoncelle.
- Claude Boivin (à ne pas confondre avec l'éditeur et marchand de musique, dont il est le frère ; ca.; 1705 - 1756). Il travaille pour les amateurs, les professionnels et l'Opéra. Outre les instruments du quatuor, il fabrique aussi des quintons, des archets, des mandolines et des guitares.
- Augustin Chappuy (1730 - 1784) - natif de Mirecourt, il s'installe à Paris durant une bonne vingtaine d'années, puis retournera au pays pour y continuer sa production.
- François Chastelain qui s'associa avec Sébastien Renault pour fonder une entreprise qui produisait encore au XIXème siècle.
- Jean Baptiste Dehayes Salomon (1713 - 1767) est le chef de file de la seconde génération de luthiers français, au même titre que Guersan. Outre les violons, contrebasses, barytons et harpes, il fournis aussi des clavecins. Sa clientèle est l'une des plus belle de Paris (le Baron Bagge, les Cupis, Duport). Ce sont ces violoncelles qui firent sa renommée.
- Benoît Fleury (1719 - 1792) Il est considéré comme l'un des meilleurs luthiers de son époque. Il se spécialise dans la fabrication des instruments du quatuor, mais ne dédaigne pas construire des guitares, des lyres et des vielles.
- François Gaviniès (ca. 1683 - 1772) C'est le père du célèbre violoniste Pierre Gaviniès. Ce sont ses violoncelles qui lui ouvrent les portes de la célébrité.
- Louis Guersan (ca. 1700 - 1770) C'est le chef de file de l'École dite des "Vieux Paris". Il possède le plus important atelier de son époque et son magasin est lun des mieux achalandés, puisqu'on peut s'y procurer tous les instruments à la mode.
- Jacques Lafleur (1757 - 1833)Outre ses violons, violoncelles et contrebasses, il est également célèbres pour la qualité de ses archets.
- Les Lejeune dont la dernière génération va se spécialiser dans la facture de clavecin, d'orgues et de pianoforte.
- Les Louvet, dont le dernier, Jean (1718 - 1793), se spécialisera dans la lutherie de harpe.
- Les Lupot, dont le cadet, François II (1769 - 1838), devint archetier de très grand renom et Nicolas (1758- 1824), somme toute le plus réputé d'entre tous, fut surnommé, en son temps, le "Stradivarius français".
- Les Tourtes, dont François (1747 - 1835), dit "Tourte le Jeune", le plus célèbre archetier de son époque. Il fut surnommé le Stradivarius des archets.
- Les Vuillaume, dynastie de luthiers lorrains, tous aussi célèbres les uns que les autres.Nous ne pouvons parler du violon sans citer l'École Française de Violon.
Durant le XVIIIème siècle, ce ne sont pas moins de quatre générations qui se succèdent pour le plaisir des interprètes et du public.
Si la première est fortement influencée par les grands maîtres italiens, dès la seconde générations, les française prennent conscience de leur spécificité et vont tout mettre en uvre pour promouvoir le bon goût français et atteindre, avec les troisième et quatrième générations, une perfection jusque là inégalée.Voici les noms de quelques grands compositeurs qui avaient atteint la célébrité en leur temps :
- Première Génération
Jean Baptiste Anet, Louis et François Francoeur, Jean Baptiste Sénaillié, et bien d'autres...
- Seconde Génération
Jean Marie Leclair, Jean Pierre Guignon, Jean Joseph Cassanéa de Mondonville, Louis Gabriel Guillemain, et quelques uns, un peu plus nombreux.
- Troisième Génération
Jean Baptiste Cupis, Jean Canavas, Joseph Barnabé Saint Sévain, dit L'Abbé le Fils, sans compter tous ceux dont la mémoire a effacé le souvenir.
- Quatrième Génération
Pierre Vachon, Nicolas Capron, le Chevalier Joseph Boulogne de Saint George, Pierre Gaviniès, et tous ceux dont la postérité a oublié le nom.Haut de page
* La mentonnière date de 1820. Son utilisation fut introduite par Ludwig Spohr.