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Département des Lettres

Université Lumière Lyon 2

Critique d'Astrid

Erich Maria Remarque évoque la vie quotidienne d'un jeune soldat, Paul, dans les tranchées. Ainsi il n'hésite pas à utiliser un style familier, quelques fois trivial, qui permet de mieux retranscrire l'ambiance régnant au front. En ce sens, de nombreux passages sont consacrés à la nourriture et à son importance fondamentale pour les soldats. De cette façon, la nourriture envahit littéralement le langage et devient source d'expressions amicales, de jeux de mots ou d'insultes : " Pourquoi donc que ça va pas, vieille carotte ? ", " La tête de tomate fit oui. " Paul en dévoile la raison : " Plus que tout autre homme, l'estomac et la digestion sont pour le soldat un domaine familier. Il en tire les trois quarts de son vocabulaire (…) Il est impossible d'employer d'autres façons de parler aussi brèves et aussi claires, (…) ici c'est la langue universelle. " Le style de Remarque est souvent bref, concis et l'on peut noter une abondance de phrases nominales : " - Où sont les autres ? " " - Ambulance et fosse commune. " Grâce à un style très dénudé, Remarque écrit une œuvre à la fois réaliste et bouleversante. Il mêle en effet passages réalistes et poétiques notamment lors de l'évocation des paysages : " ce sont des heures d'une insouciance admirable. Au-dessus de nous, le ciel bleu. A l'horizon, sont suspendus des ballons captifs, de couleur jaune, traversés de lumineux rayons, ainsi que les petits nuages blancs des shrapnells. Parfois, lorsqu'ils poursuivent un aviateur, ils se déploient en une haute gerbe. " A l'Ouest rien de nouveau me semble ainsi une œuvre particulièrement riche, offrant une véritable variété de styles et une profonde réflexion sur la condition humaine. En effet, cette œuvre présente de vastes réflexions sur l'être humain et sur la guerre. Elle nous décrit une jeunesse en proie au désespoir, ne sachant plus très bien où est sa place. Alors que les soldats plus âgés sont solidement reliés au passé ( femme, enfants ou métier), les jeunes hommes n'ont pas encore de racines mais sont " jetés " brutalement sur le front. Ils n'ont pas encore de passé et déjà plus aucune foi en l'avenir : " Nous ne faisons plus partie de la jeunesse. Nous ne voulons plus prendre d'assaut l'univers (…) Tout me paraît vain et désespéré. Deux années de fusillade et d'obus, on ne peut pas ôter cela comme une paire de chaussettes. " Les jeunes soldats sont conscients d'avoir perdu leur jeunesse et redoutent finalement la paix, craignant de ne pouvoir trouver leur place dans un monde futur. Ce paradoxe est à nouveau souligné par Paul : " Nous sommes délaissés comme des enfants et expérimentés comme de vieilles gens (…) Je crois que nous sommes perdus. " Ce roman met finalement à jour les questions et les angoisses d'une génération qui se sent manipulée, sacrifiée par les quelques gens à qui profite la guerre. A l'Ouest rien de nouveau nous livre surtout un magnifique message de paix et de fraternité. Ce roman fait tout d'abord tomber les frontières entre allemands ou français, alliés ou ennemis, dans une sorte d'hymne à l'humanité. Paul, après avoir tué un français, s'adresse à lui en ces termes : " Pardonne-moi camarade : comment as-tu pu être mon ennemi ? Si nous jetions ces armes et cet uniforme, tu pourrais être mon frère. " Enfin, l'œuvre envisage la guerre dans un de ses seuls aspects positifs : la camaraderie et la fraternité : " Mais le plus important ce fut qu'un ferme sentiment de solidarité pratique s'éveilla en nous, lequel, au front, donna naissance ensuite à ce que la guerre produisit de meilleur : la camaraderie. "

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Mis à jour le 16 Juin 2001- Mise en page réalisée par Mylène Pardoen