Les récits aux morts étranges et les énigmes mystérieuses ne datent pas du XIXe siècle. Les bandits sont présents très tôt dans la littérature grâce aux biographies romancées vendues par les colporteurs à travers la France et la figure du policier intéresse depuis longtemps les lecteurs. Cette fascination s'est conjuguée avec l'influence du roman gothique anglais (sa fascination pour l'inconnu et la terreur) et l'attirance du public pour le fait-divers.
Naît alors un nouveau genre littéraire, le roman policier. Il est centré sur une enquête criminelle avec une construction particulière : partir des conséquences (la découverte du crime) pour remonter (l'enquête) aux causes (le mobile et le crime). Le premier auteur français en est Emile Gaboriau : L'Affaire Lerouge (1866) met en scène un policier qu'on retrouve dans Le Crime d'Orcival (1867) et Monsieur Lecoq (1868). Mais les techniques du roman populaire sont encore très présentes : les péripéties l'emportent sur la déduction. Cette spécificité française va perdurer, avec Fortuné Du Boisgobey (Le Coup d'oeil de Monsieur Piedouche), Henry Cauvain (Maximilien Heller) ou Eugène Chavette (La Chambre du crime).
Au début du XXe siècle, Maurice Leblanc (ou plutôt Arsène Lupin) suit encore cette tradition alors que Gaston Leroux s'attache dans Le Mystère de la Chambre jaune à un raisonnement rigoureux, qui n'exclue pas la poésie. L'enquête criminelle s'y double par ailleurs d'une quête psychologique. Après 1918, le roman policier français va suivre de plus près son modèle anglo-saxon en se recentrant sur l'analyse.