LES PERSONNAGES :

Dans un livre tel que le Chevalier Inexistant, on ne peut pas parler d'un héros proprement dit, notamment concernant Agilulfe le personnage éponyme du roman. En effet, même si Agilulfe est un pilier du livre, il n'en demeure pas moins que d'autres personnages, de premier lieu périphériques, sont tout aussi important. Ainsi, le Chevalier Inexistant se présente comme un roman à multiples facettes, autrement dit une galerie de portraits, un tableau de caractères: ces personnages étant tout aussi différents les uns des autres, aussi bien physiquement que psychologiquement.
Voici une esquisse des personnages les plus récurrents...
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LES GRADES :

AGILULFE :
A la première lecture, Agilulfe "l'homme sans corps" semble faire une sorte de complexe d'autorité, ce trait de caractère se définit à travers son comportement envers les autres: il reprend effectivement tout le monde tout le temps, à la moindre négligence de ces derniers...On peut ainsi dire que Agilulfe peut être "ennuyant"...Mais il n'en demeure pas moins un personnage des plus complexes, difficile à saisir et surtout à définir: il n'a pas de corps mais a pourtant des aptitudes physiques et de l'esprit; il est d'ailleurs un de meilleurs, si ce n'est le meilleur, des guerriers de Charlemagne!
De la sorte, on se pose beaucoup de questions sur ce personnage: Quel son passé? D'où vient-il? Quelle est sa réelle identité? Pourquoi est-il là? Et surtout, s'il n'a pas de corps, est-il humain ???
De la même manière, on peut se demander quelle est sa fonction dans l’oeuvre: la première chose qui nous vient à l'esprit, c'est la question de l'autorité. En effet, Charlemagne semble ici jouer le rôle d'un "bouffon", il n'a rien de royal, ni même d'impérial dans ses faits et gestes, et ceci fait que nous, lecteurs, avons du mal à le prendre au sérieux; ainsi, comparé à cette vision de Charlemagne, Agilulfe pourrait aisément le remplacé dans son rôle d'empereur, Agilulfe faisant preuve d'une autorité indiscutable, agrément d'un respect des ordres à toute épreuve. De même, à ce sujet qu'est l'autorité, son immatérialité permettrait à Agilulfe de représenter le concept du respect des ordres, de l'autorité: il symboliserait la conduite parfaite de tout chevalier envers la patrie et son honneur...Ceci étant une hypothèse. Enfin, peut-être que la fonction de ce personnage est aussi de nous faire nous interroger sur lui, mais aussi sur nous...

RAIMBAUT:
Dans cet univers si particulier et si complexe, Raimbaut semble nous être le personnage non seulement le plus humain, mais aussi le plus proche de nous: c'est un jeune fougueux qui ne contrôle pas ses sentiments et ses impulsions, à cela on pourrait le définir par "l'insouciance de la jeunesse"...Il ne se pose pas de questions et se fiche des contraintes (ce qui est visible lorsqu'il est confronté aux contraintes administratives concernant sa requête de vengeance du père défunt)! Toutefois, Raimbaut a des plans: rejoindre l'armée, venger son père et tuer Izoard. Mais en fait, il croit avoir des plans, il ne sait pas vraiment quel sens ou quel but donner à sa vie...Il est un peu perdu! Et c'est pour cela qu'il se laisse aller à ses sentiments, surtout envers et après Bradamante...
On peut également noter le lien qui unit Raimbaut et Agilulfe: leur première rencontre est quelque peu ambivalente entre fascination et indifférence...Ce qui se passe, c'est qu'Agilulfe essaie de ne pas s'attendrir et garde sa conduite qui lui est caractèristique, tandis que Raimbaut ne cache pas sa fascination et son respect pour cet étrange personnage! On pourrait définir ce qui les unit par une relation, non pas d'amitié, mais de "parenté": en fait, Agilulfe joue en quelque sorte le rôle de père et d'initiateur auprès de Raimbaut, il permet à ce dernier de garder quelques repères sur terre et de n'être pas totalement perdu...et seul. On peut aussi dire que Raimbaut est tout autant le héros principal de l'histoire qu' Agilulfe, puisque dès son entrée dans l'action, on suit l'histoire de Raimbaut...et que l'entrée des autres personnages se fait par rapport à celle de Raimbaut !

TORRISMOND:
On ne sait pas grand chose sur lui, à part qu'il est un des guerriers de Charlemagne, qu'il aime se vanter et relever les défis. Suite justement à une provocation, il part à la recherche des chevaliers du Graal à travers toute la France et même plus loin...Il pourrait ainsi être le symbole du guerrier vaniteux, sûr de lui et narcissique. Cependant, le fait, que sa quête concerne ses origines et que par là-même elle l'amène à confirmer sa valeur de guerrier, tend aussi à dire qu'il symbolise les valeurs de la chevalerie, et que ces valeurs doivent être méritées.

CHARLEMAGNE:
On citera enfin Charlemagne puisqu'il s'agit du Roi. On parle peu de lui dans l’histoire, mais on arrive quand même à le définir comme un roi fier et qui mène son armée avec beaucoup d’autorité; toutefois il s'agit là d'une apparence qui peut se révéler trompeuse: en effet, on peut sentir une certaine ironie quant à ce personnage, comme si ce semblant d'autorité n'était qu'un moyen de le faire passer pour un bouffon, pour une marionnette un peu manipulée par ses courtisans et chevaliers. Ainsi, on peut finir en disant qu'autour de lui règne une marge ambiguïté.

LES INDEFINIS :

BRADAMANTE:
A première vue, Bradamante semble être une femme forte, qui tient tête aux hommes, et qui veut se battre, elle recherche d'ailleurs virilité, puissance et force chez l'homme! Elle manie l'épée comme personne et devient ainsi le symbole de la guerrière "brute" qui a quand même du coeur! Toutefois, si l'on s'y attache de plus près, on s'aperçoit que Bradamante ne sait pas si bien ce qu'elle veut...On pourrait même croire qu'elle est un peu perdue et qu'elle ne sait pas trop où elle va...Elle n'a pas d'attache autours d'elle! Sauf peut-être Agilulfe qu'elle suit partout...
Vers la fin du roman, on comprend -puis on nous le révèle ensuite- que la narratrice du livre n'est autre que Bradamante: à l'image de l'égarement de son esprit, Bradamante est tantôt guerrière, tantôt none. Elle suit les impulsions de son coeur et va où ses émotions la portent.

GOURDOULOU:
Il est sans doute le personnage le plus mystérieux de l’histoire mais en même temps celui qui se livre le plus. C’est un personnage assez excentrique, qui s’amuse de la vie dans le sens où il prend le rôle de tout et n'importe quoi: il se met à la place de chaque chose, chaque être comme s'il se métamorphosait, comme s'il n'avait pas une personnalité propre à lui mais qu'il était l'essence même de chaque chose. Il peut être aussi bien un canard qu'un poirier ou encore q'un roi! Après quoi il devient l’écuyer d’Agilulfe, toutefois il reste égal à lui-même. Peut-être peut-on voir en lui la question de l'identité: peut-on être un, peut-on être singulier dans un monde qui se veut singulier, ou peut-on être plusieurs? A-t-on une identité pré-établie?
SOFRONIE:
On ne découvre ce personnage qu’au milieu du livre: elle est secrète et révèle certaines vérités aux personnages. On pourrait même dire qu'elle est une des clefs du livre, celle qui permet aux personnages concernés d'achever leur quête. Cette femme a une certaine noblesse, tant par ses origines que par ses attitudes, elle symbolise ainsi la femme noble de l'époque, mais pas sous tous ses aspects: en effet, elle est forte, parfois soumise mais aussi parfois rebelle, elle est autonome et débrouillarde.

Mis à jour le 3/07/03 - Maud MERIEUX