Le livre à travers un récit de science fiction se déroulant le 15 juin 2004 revisite le mythe de l'Apocalypse. Crible s'exclame d'ailleurs : "L'Apocalypse de saint Jean... La fin du monde...". Il nous présente une vision humoristique de la société moderne, agnostique et orgueilleuse. Ayant perdu toutes ses valeurs et désiré rivaliser avec la toute puissance divine, sa fin est ici mise en œuvre.
Ainsi Crible porte un regard désabusé et détaché sur un monde déclinant et en proie à la folie destructrice des hommes : les guerres se succèdent si bien que "l'ONU ne sait plus où donner du casque bleu ", le chômage menace, la délinquance, l'instabilité politique, le nationalisme et le tribalisme sont devenus des faits divers quotidiens qui ne surprennent même plus les esprits blasés :"l'esprit..., qu'on le veuille ou non, s'habitue à tout, même au pire, surtout quand ce pire vous est distillé journellement, à domicile, et avec quelle délectation...". Cette société déchue, où les être semblent incapables de communiquer entre eux, est empreinte d'un individualisme exacerbé et d'une hypocrisie permanente. Le réchauffement climatique, les grèves des transports et les divers problèmes énoncés ci-dessus font étrangement échos aux problèmes que nous connaissons aujourd'hui.
Cette Babylone technocratique qui ne croit plus qu'au dieu de l'informatique à voulu rivaliser avec la création divine en construisant Antisphinx, "la machine ultime détentrice du savoir universelle". Mais cette invention démesurée risque de se retourner contre son créateur apprenti sorcier. Le règne de la machine détrônera t'il celui de l'homme ? Crible semble avoir été choisi pour être le prophète de cet avènement. Les signes envoyés par Antisphinx, annonçant la fin de l'humanité, se multiplient pour lui révéler sa mission. Ce récit est une amplification amusante de l'ampleur que prennent aujourd'hui l'informatique et Internet dans notre vie quotidienne.
Mais il semble que Dieu où du moins la Nature ait décidé de punir cet orgueil et cette déchéance de l'homme par un déluge sans pareil. Le récit écrit en … et se passant en 2004 est d'ailleurs marqué par les névroses apocalyptiques qu'a suscité le changement de millénaire. Une chaleur cuisante (plus de 42 degrés) accable les protagonistes. "La banquise fond au pôle à le vitesse d'un glaçon plongé dans un grog". La sécheresse entraînant le rationnement de l'eau, le dépérissement du bétail et la perte des récoltes, la remontée des Océans, les cyclones, les raz de marée et "calamités en tout genre, climatiques ou autres" en sont les conséquences inévitables. Les volcans, même ceux que l'on croyait éteint pour toujours, se réveillent simultanément. "Mais les volcans ne sont, révérence gardée, qu'un plaisant amuse-gueule". Des tremblement de terre se déclarent au quatre coin de la planète, engloutissent des pays entiers. La Terre disparaîtra t'elle dans une immense faille ? Ainsi Crible déclare toujours avec la même ironie qui donne tout la saveur du texte : "Ce matin, la planète ne voulait pas être en reste avec la frénésie destructrice de ses habitants et elle entendait bien le leur faire savoir."
Date limite est donc un récit plaisant où la déformation et le grossissement des travers de notre société permettent une critique d'autant plus acerbe qu'elle suscite le rire, voire même une prévention du jeune lecteur.
