PASSAGES DU LIVREQuelques passages du livre de Cavanna nous résumant sa vie quotidienne, ses relations avec son entourage et la vie dans le quartier sont ici notés :(p15) « Le dimanche après midi, les Ritals mettent la chemise blanche avec les manches proprement roulées au- dessus du coude, [...] .Les Ritals ont des voix graves et très sonores. Ils s'engueulent pour des histoires de haies mitoyennes, là-bas, au pays, ou bien ils jouent à des jeux de cartes inconnus, avec des cartes aux dessins fascinants, rouges, verts, jaunes, des couleurs de cuisine italienne, tomates, poivrons, safrans, je suis sûr qu'elles sentent le parmesan, les cartes .(p58) « Il y a deux terreurs dans nos vies, deux menaces d'autant plus épouvantables qu'elles sont invisibles, sournoises, capricieuses, qu'elles frappent tout à fait au hasard, sans souci de la morale, et qu'enfin elles sont répugnantes : la tuberculose et la vérole [...]L'idée de maman, c'est que c'est une maladie de gens qui veulent péter plus haut que leur cul [...]Autre fascination morbide : la vérole. Mais combien plus excitante ! Ça, oui, c'est un sujet de conversation ! Tout se qui se passe du côté du cul, du côté du cul des femmes, stimule passionnément notre curiosité scientifique. On apprend l'existence des maladies honteuses pas longtemps après avoir eu la révélation orale de la vraie nature des plaisirs amoureux, et ça tombe à pic pour confirmer et renforcer l'impression satanique qu'ils nous ont faite. La femme, c'est le diable tout noir entre deux cuisses blanches, plus ça fait peur plus ça vous attire, la révélation des dangers inouïs que de surcroit elle recèle ne fait qu'en augmenter l'horreur et le mystère, donc la fascination. »(p87) « Les Ritals et la politique, ça couche pas ensemble. D'abord, quand on est immigré, on a intérêt à se faire tout petit, surtout avec le chômage qui rôde. Pris dans une manif, ou à un meeting, c'est la carte de travailleur qui saute, la carte bleue. [...] Ou même carrément expulsé, reconduit à la frontière avec au cul un dossier de dangereux agitateur que la police française se fera un plaisir de communiquer aux sbires de Mussolini » .(p111) « La vie c'est un grand plat de merde qu'il faut manger à la petite cuillère » « Prononcer « marde » et même « marrd' », bien molle bien noire, en roulant férocement l'r sur le bout de la langue.
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