Les guerres de religion en France:
Après la propagation de la réforme dans toute l'Europe, les princes réalisent qu'ils ont besoin d'une unité de foi pour maintenir la cohésion de leur état. La conquête de cette unité et la non acceptation de la différence vont être un enjeu essentiel des guerres de religion..
Les débuts du protestantisme en France sous François Ier (1515)sont marqués par la bienveillance. Le Roi, la cour et l'épiscopat voient d'un bon oeil les idées humanistes sur un christianisme purifié. Le parlement de Paris, par contre, y est hostile et multiplie les procès notamment pour interdire les traductions de la bible.
François Ier va changer d'avis pour deux raisons :
•Il observe la division religieuse et politique suscitée en Allemagne par la réforme, et constate que l'empereur Charles Quint n'arrive pas à la maîtriser. Battu en 1525 par l'armée impériale et fait prisonnier, il en revient persuadé que l'unité religieuse est nécessaire à l'unité nationale.
•En 1534, un pamphlet exprimant les idées protestantes est affiché partout dans Paris jusque dans l'intérieur du château du roi (Amboise). C'est l'affaire des placards (=affiches). Ainsi défié et redoutant plus que jamais la division, il commence à multiplier les édits répressifs. Le spectre de la division ne cessera de hanter la royauté.
Certains nobles catholiques soutenus par la royauté espagnole vont contraindre par force ou par ruse les derniers des Valois à adopter une politique répressive vis à vis des protestants et même les abominables massacres de la Saint Barthélemy (24 août 1572). La Ligue catholique officiellement fondée en 1576 par certains nobles pour contester les avantages accordés par Henri III aux protestants. Leur but avoué est de défendre la foi catholique contre les hérésies et inavoué de de renverser le Roi. En 1584, le duc Henri de Guise, avec le soutien de l'Espagne, impose au roi Henri III une politique répressive et nie les droits à la succession du futur Henri IV. La période 1562-1598 va donc être marquée par des conflits armés entre les deux camps (avec recrutement de mercenaires), entrecoupés d'édits de pacification.
C'est Henri IV qui rétablira la paix civile avec l'Édit de Nantes...
Quel est le contenu de l'édit ?
2. ... Défendons à nos dits sujets de la R.P.R. de s'assembler pour faire l'exercice de ladite religion en aucun lieu ou maison particulière, sous quelque prétexte que ce puisse être.
4. Enjoignons à tous les ministres de ladite R.P.R. qui ne voudraient pas se convertir et embrasser la religion Catholique, Apostolique et Romaine, de sortir de notre royaume quinze jours après la publication de notre présent édit à peine de galères.
10. Faisons très expresses et itératives défenses à nos sujets de ladite R.P.R. de sortir eux, leurs femmes et enfants, de notre dit royaume, ... sous peine de galères pour les hommes, et de confiscation de corps et de biens pour les femmes.»
En résumé,
•les pasteurs sont exilés sans leurs enfants de plus de 7 ans
•la célébration du culte est interdite sous peine de châtiments
•les simples fidèles n'ont pas le droit de quitter le royaume
•les enfants sont obligatoirement élevés dans la religion catholique
•les temples restant sont détruits.
C'est donc la fin de la législation dérogatoire qui permettait aux protestants d'exercer leur culte depuis l'édit de Nantes. C'est la fin officielle du protestantisme dans le royaume de France, sauf en Alsace récemment annexée.
A destination de qui ?
Des protestants.
- Ils sont environ 750 000. Leur nombre a diminué depuis 1598 essentiellement pour des raisons démographiques.
- Ils ont perdu leurs privilèges politiques depuis la paix d'Alès en 1629.
- Ils sont attachés à leur particularisme religieux dans lequel la famille joue un rôle essentiel dans la transmission de la foi.
- La pratique est vivace et les institutions protestantes ont bien fonctionné jusqu'en 1659. A partir de 1679, un processus méthodique d'étouffement se met en place : suppression des assemblées locales et du synode national.
réexamen des droits des temples amenant la destruction d'un temple sur deux. A partir de 1683, il fallut réserver, dans les temples, une place pour des catholiques venus écouter le pasteur pour favoriser la délation.
exclusion des offices dont l'acquisition est essentielle dans le processus d'ascension sociale des familles protestants, puis des professions libérales ( avocats, médecins, apothicaires , imprimeurs et libraires personnages-clés pour la diffusion de la Bible ).
suppression des chambres de l'édit de Nantes.
suppression de tous les établissements d'enseignement au-delà de l'enseignement primaire, ce qui revient à confier l'éducation des enfants aux catholiques.
création d'une caisse de conversion pour acheter les consciences.
Puis, les grandes dragonnades du Midi, 1683-1685, entraînent des conversions en masse et des départs, tel celui de Pierre Baylé qui va terminer son dictionnaire philosophique aux Pays-Bas. L'utilisation du logement des soldats pour contraindre les protestants à se convertir a commencé en 1681, en Poitou, à l'initiative de l'intendant Marillac.
Des catholiques.
Les catholiques, qui forment l'immense majorité des sujets de Louis XIV, ne se sont jamais résolus à accepter l'existence de deux religions en France. Pour eux la liberté de conscience est une faiblesse et une impiété; elle est intolérable. Ils ont d'ailleurs applaudi à la Révocation comme Bossuet, Fénelon, La Bruyère, La Fontaine , Madame de Sévigné. Très peu , comme Vauban et Saint-Simon la critiquèrent.
Le pape, opposé à Louis XIV dans l'affaire de la régale, peut attendre du roi très chrétien l'éradication d'une religion qui met en cause son infaillibilité.
Le clergé constitue un groupe de pression. Son assemblée demande, à partir de 1660, une application «à la rigueur » de l'édit de Nantes ce qui contribue à mettre en place progressivement la législation antiprotestante.
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