CRITIQUE DU VIEIL HOMME ET LA MER

Le roman Le Vieil Homme et la Mer, paru en 1952 sous le titre original The Old Man and the Sea, relate une partie de pêche de Santiago, vieux pêcheur solitaire, qui n'a plus attrapé de poissons depuis longtemps.
Tout le roman raconte une seule pêche, un combat de trois jours et deux nuits contre le grand poisson dont rêvait Santiago, un espadon de six mètres de longueur. Une fois qu'il en est venu à bout, Santiago l'amarre à sa barque et met le cap sur la terre. Mais des requins attaquent le corps sans vie de l'espadon et le dévorent, malgré les efforts de Santiago pour les tuer. Lorsque la barque arrive au port, il ne reste de l'espadon que la tête et l'arête.

Autant les autres oeuvres d'Hemingway sont relativement claires et assez faciles à analyser, autant Le Vieil Homme et la Mer est, sous son apparente simplicité, d'une grande complexité ; de nombreux thèmes sont abordés au fil des pages, comme le courage, la ténacité, la technicité, mais également la solitude. De plus, l'aventure de la pêche devient une performance épique.
Le thème de la pêche est présent dans de nombreux livres d'Hemingway, dans le roman En Avoir ou pas, dans l'article La Voilà qui bondit, et dans Sur l'Eau Bleue, première esquisse de ce qui sera Le Vieil Homme et la Mer ; mais c'est dans cette oeuvre parachevée que la pêche s'épanouit avec toute sa portée.

On peut donner à la pêche un sens métaphysique ; elle n'est pas un divertissement. Santiago sait sa vieillesse et rêve des lionceaux de sa jeunesse. Mais il n'y a pas en lui l'angoisse de presque tous les autres personnages d'Hemingway devant le temps qui passe et la mort. Le vieil homme a atteint la sérénité. Il se sait vaincu, après avoir perdu son bel espadon, mais il n'est vaincu que sur le plan d'une partie de pêche. Devant lui s'ouvre un nouvel univers, où il n'y a plus ni vainqueur ni vaincu.

Finalement, c'est la condition même de l'homme qui est dépeinte ici ; c'est l'histoire du courage humain, de l'énergie humaine, de l'amour des êtres ; c'est le poème de la pêche au gros poisson, c'est la victoire du coeur sur le désespoir. Il fallait une bonne douzaine d'ouvrages derrière soi et plus de cinquante ans d'âge pour exprimer cela avec le bonheur qui a, constamment, animé la main d'Hemingway.

Ce livre est très plaisant à lire, il est très facile à comprendre, les mots utilisés sont d'une extrême simplicité. Il faut noter que ce livre n'a pas de découpage en chapitres, mais l'écriture et le suspens maintenu par Hemingway font que le lecteur le lit en une seule fois, il veut savoir qui du poisson ou de l'homme emporte la victoire. Comme Santiago qui se laisse porter au fil de l'eau, on se laisse porter au fil des pages.

L'attaque des requins.

Mis à jour le 27/06/03 - Mise en page Maud MERIEUX