Né en 1910 aux Pays Bas, il est décédé en 1967 à La Hague. Son père étant médecin militaire, il passe son enfance à Java, île d'Indonésie alors Hollandaise. C'est là qu'il apprend le chinois et le malais. Il s'attache à l'étude de la Chine sous ses multiples facettes : droit, musique orientale, Bouddhisme. Devenu diplomate, il est envoyé à l'ambassade de Hollande à Tokyo dès 1935, dès lors, il étudie la littérature, la peinture, la calligraphie, les moeurs chinoises, et épouse la fille d'un mandarin chinois. Par la suite, il apprendra le sanskrit (à New Delhi), l'arabe (à Beyrouth) et finira sa carrière en tant qu'ambassadeur de Hollande à Tokyo.
Dans l'intervalle, il aura fait surgir le Juge Ti puisqu'en 1948, il traduit un roman policier chinois, le Dee Gong An, trois affaires criminelles résolues par le juge Dee-Jen Djieh, fonctionnaire de l'époque T'ang (VII° siècle de notre ère). Puis, s'inspirant de vieux récits chinois, il écrira dix-sept récits policiers fictifs, affaires mystérieuses débrouillées par son juge Dee (rebaptisé Ti en français). Ainsi, le diplomate Van Gulik ouvrit du même coup une porte vers cette région du monde et une époque peu connues des néophytes non sinophiles.
"Les romans de Van Gulik procèdent d'une stratégie de l'exotisme : la Chine, les temps reculés et l'érudition. Cet exotisme ne nuit pas au déroulement de l'intrigue policière, qu'au contraire, elle conforte en généralisant ses effets. Chaque récits commence et s'achève de la même manière : exposition des personnages réduits à leurs fonctions selon un procédé théâtral, développement de l'intrigue jusqu'à sa conclusion, suivi d'une postface élucidant des points d'histoire, le tout le plus souvent conclu par une biographie sommaire situant le juge Ti dans son ensemble narratif. Borgès avait défini l'érudition comme extension du genre fantastique, Van Gulik lui la tire vers le roman policier. Le plus étrange en l'occurrence réside dans le fait que l'érudition se superpose à une sorte de "naturalité". Inscrit dans une société fortement hiérarchisée, les récits de Van Gulik sont structurés par deux éminemment contemporains bien (ou parce) qu'archétypauxÊ: la politique et la sexualité."
Que ce soit sur le plan littéraire ou pictural (les jaquettes de ses romans et la majorité des croquis de ses ouvrages étant son oeuvre), toute l'oeuvre de R.H. Van Gulik est marquée par une approche rigoureuse sur le plan documentaire, alliée à un sens magistral de la capacité à raconter.