Thomas
Je m'appelle Thomas et je n'aime pas lire !!!
Triste sentiment, mais il faut avouer que toutes mes tentatives de lecture m'ont toutes plongé dans l'ennui me renforçant dans mes convictions : lire, mais à quoi bon ?
Imaginez alors ma "joie" lorsque notre professeur de français nous à annoncé notre participation au projet "lire ensemble" . J'appris alors qu'il me faudrait lire un livre en entier et l'étudier en partenariat avec un étudiant de l'université Lyon2.
Plus d'escuse, je dus aller à la rencontre de ce livre et me plier à cet exercice qui me semblait bien désagréable !
RÉVÉLATION !!! Oui ce fut la révélation, la découverte !
Ce qui devait être une épreuve s'avéra être un succès ...
Les premières pages tournées je fus pris d'amitié pour les personnages qui me conduisirent jusqu'à la dernière page. Il me faut donc avouer que Christian Grenier, l'auteur d'Un Printemps sans cerises venait de me toucher jusqu'au point de faire tomber toutes mes appréhensions. Il venait de m'apprendre que la lecture n'était pas qu'un instrument utilisé à des fins scolaires mais bien rencontre plaisante, une experience savoureuse : celle de se laisser guider par les mots, emporter par l'histoire. Ce livre venait de gagner sur ma hantise.
Je découvris que les mots avaient le pouvoir de nous maintenir en éveille, de nous tenir en haleine. Je me suis très vite attaché au personnage de Didier. C'est lui qui m'a entraîné à poursuivre l'histoire : J'ai admiré son dévouement pour son père et sa capacité à prendre des initiatives.
Je n'ai eu aucune difficulté à me représenter l'univers décrit tant la richesse des descriptions nous dessine avec précision le monde ouvrier.
Marie :
Un Printemps sans cerises est un livre que je conseillerais autant au jeune lecteur quaux adultes, tant le sujet abordé est parfaitement susceptible de toucher un large public.
Le thème du chômage est traité avec beaucoup de pudeur et de retenu.
Avec Christian Grenier, on ne bascule jamais dans le pathétisme, même sil est parfois frolé, lauteur préfèrant sattarder sur lénergie positive que la situation génère plutôt que sur labattement.
Ainsi, si lon oscille entre crise sociale et crise familiale on assiste subtilement à un véritable " réveille " des personnages.
Lannonce des licenciements va savérer être un véritable détonateur, le coup denvoi dune recherche personnelle pour les protagonistes. Tous vont se sentir concerné par la situation et vont alors se questionner sur leur choix de vie, sur leurs aspirations. Ainsi, si cest lhistoire dune lutte cest aussi celle dune quête : une quête de soi, de son identité.
Gilles se révèle très entreprenant dans laction menée pour sauver les emplois menacés, hardis et parfois même téméraire dans le combat où il sest engagé, Didier se met à briller par ses initiatives et Anna se découvre éprise de liberté. Cest à travers la voix de la révolte que lauteur met en accusation la société quil nomme responsable de ces vagues de licenciements. Son regard est alors très critique, son écriture parfois virulente. Ainsi sa personnalité et ses convictions débordent quelque fois sur lhistoire : Les propos quil prête à ses personnages sont souvent colorés de ses propres idéaux. On le sent alors tout entier vivant derrière ses mots : " les hommes sont prisonnier dune structure à la longue étouffante et castratrice, malgré sa façade de liberté. "
Ainsi, en partant dune histoire assez commune : le risque de chômage, Christian Grenier saventure à aborder les thèmes qui gravitent autour de ce sujet. Un Printemps sans cerises offre ainsi plusieurs pistes de lecture. Il peut-être lu comme lhistoire dune lutte, dun combat contre la précarité des emplois. mais cest aussi lhistoire dune crise familiale réveillée par la lannonce des licenciements, celle également de lémancipation dune femme, Anna, gagnée par lenvie de travaillés et donc de se désengager de la dépendance vis à vis de son mari, lhistoire enfin dhommes et de femmes qui se débattent dans une société sans pitié pour les faibles, intraitable et parfois cruel avec ceux qui ne marchent pas dans son sillage : " A quoi bon insister, donner à chacun ses chances puisque de toute façon, il faudra bien sélectionner ", inspirant ces pensées amères et fatalistes sur légalité des chances. Pour Gilles Monin, elle nest quun leurre, conscient du déterminisme social : " fils douvrier, tu seras toi aussi un travailleur en usine. "
Le livre de Christian Grenier jette ainsi un regard critique sur le monde dans lequel nous évoluons à travers des personnages quil sapplique, à travers la construction même du roman (chaque chapitre se concentre sur un personnage en particulier), à rendre attachant et authentique dans leur combat.
Aussi lhistoire nest pas sans rappeler celle narrée par Emile Zola dans Germinal . Et si les sacs et la poussière de farine ont remplacé les mines et le charbon, la situation ouvrière semble peu avoir évolué.
Un livre donc riche et émouvant qui laisse à réfléchir...