En fait, on peut se demander qui es réellement l'auteur du Chevalier Inexistant...En théorie, l'auteur serait évidemment Italo Calvino, mais en pratique, l'auteur se révéle être la nonne, celle qui nous raconte son récit et qui l'écrit sous nos yeux en même temps que nous le lisont !
LAUTEUR " PRATIQUE " :
Voici donc ce que nous savons de cet auteur-nonne:
Elle se nomme Bradamante, et bien que nous croyions qu'il s'agit d'un personnage différent de la narratrice pendant toute l'oeuvre, la fin révéle qu'il s'agit bien d'une seule et même personne: ainsi Bradamante n'est pas seulement une guerrière sanguinaire maniant l'épée comme un as et assoifée d'hommes, elle est aussi une nonne, et peut-être qu'écrire ce livre est pour elle le moyen d'expier ses péchés...Sa vie tantôt mouventée et tantôt de repos suit les mouvements-mêmes du livre, les rythmes sont variées, et le caractère de la jeune fille parfois ambigu est à l'image du livre encore une fois: en fait le livre est l'illustration de l'intériorité de Bradamante: elle est parfois perdue, elle ne sait pas toujours où elle va, elle n'a pas forcément de repères dans sa vie, ni d'attaches fixes.
LAUTEUR " THEORIQUE " :
Cepdendant, si Bradamante est l'auteur en pratique du livre, il n'en demeure pas moins qu'elle est elle aussi une création d'un autre auteur: il s'agit donc d'une écriture dans l'écriture, et le véritable auteur est bien Italo Calvino, dont voici une biographie indicative:
biographie:
Italo Calvino naît à Santiago de Las Vegas en 1923, avant de quitter Cuba pour l'Italie. Après avoir combattu dans la Résistance italienne durant la seconde guerre mondiale, il termine ses études littéraires à Turin tout en travaillant au périodique communiste L'Unità. Il continuera toute sa vie d'écrire pour divers journaux, de La Voce della Democrazia à Contemporaneo, en passant par La Repubblica ou le magazine Il Menabó di Letteratura qu'il co-édite de 1959 à 1967.
C'est en 1947 qu'il publie son premier roman, Le sentier des nids d'araignées, en s'inspirant de la résistance italienne. Deux ans après, il publie Le corbeau vient le dernier, toujours dans la même veine néo-réaliste.
C'est pendant les années 50 que l'on observe d'une part une rupture de Calvino avec des thèmes plus ou moins biographiques, et d'autre part son succès et sa reconnaissance comme l'un des auteurs majeurs de la littérature italienne, avec, notamment, la publication de Le baron perché, suivi par Le vicomte pourfendu et Le Chevalier Inexistant. Ces trois "contes philosophiques", au travers des tribulations d'un chevalier fendu en deux par un ennemi, et dont les deux parties poursuivent leur existence, l'une consacrée au bien et l'autre au mal, ou celles d'un baron qui refuse de descendre de son arbre, reflètent avec humour les préoccupations sociales et politiques de Calvino. Mais ces derniers seront plus amplement développés dans les parties suivantes...
Toutefois, dès les événements de Hongrie, Calvino rompt avec le parti communiste italien et se consacre alors plus particulièrement au journalisme. Et ce n'est que pendant les années 60 qu'Italo recommence à écrire; installé quelques ennées à Paris, il fonde d'ailleurs l'OuLIPo (Ouvroir de Littérature Potentielle) en compagnie de Raymond Queneau, Georges Pérec et Jacques Roubaud, que rapproche un goût des contraintes formelles en écriture: analyses combinatoires et techniques de permutation influenceront les oeuvres suivantes d'Italo Calvino. Ainsi, dans Le château des destins croisés, les lames du tarot, disposées au hasard, sont le moteur d'une machinerie narrative combinatoire; Si par une nuit d'hiver, un voyageur, livre étincelant, pousse le souci de la combinaison à son extrême: le roman est composé de dix débuts de romans imbriqués dans un seul, à l'intérieur duquel deux personnages-lecteurs tentent de poursuivre chacun des dix romans à la recherche d'une improbable cohérence.
Italo Calvino se partage alors entre réflexions sur le monde familier qui l'entoure (La journée d'un scrutateur), oeuvres critiques (la littérature et ses mécanismes dans La machine littérature, et Pourquoi lire les classiques) au service desquelles il met sa vaste culture classique, et création de mondes fantastiques (Cosmicomics et sa science-fiction à rebours, ou Les Villes invisibles, merveilleux atlas imaginaires de cités rêvées par Marco Polo).
Si Calvino meurt d'une hémorragie cérébrale en 1985, d'autres de ses textes seront publiés après à titre posthume, comme Leçons américaines, Sous le soleil jaguar...On peut enfin rappeler ce que Salman Rushdie disait de lui: "Il met sur le papier ce que vous saviez depuis toujours, sauf que vous n'y aviez pas pensé avant."
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