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Département des Lettres

Université Lumière Lyon 2

 

L'Apartheid et ses conséquences

 

I/ L'Apartheid et son histoire
1) Mise en place de l'apartheid
2)Des années 50 à nos jours

II/ Les conséquences en Afrique du Sud : les peurs sont toujours là
1)De nouveaux problèmes
2)Conséquences sur l'espace sud-africain


I/ L'Apartheid et son histoire :
1) Mise en place de l'apartheid :


Le Congrès National Africain, premier parti Bantou créé par des élites noires, a été fondé dans le but de combattre la politique du gouvernement. En 1906 la lutte armée cède la place à une contestation politique d'Apartheid non-violente. Trois ans plus tard, les délégués africains fondent à Bloemfontein le South African Natives National Congress. Première manifestation du nationalisme noir sud-africain. Ses membres sont partisans de la non-violence, alors que le gouvernement multiplie les lois racistes. En 1910, les fondements de l'Apartheid sont jetés. La Land Area act donne 10% des territoires aux communautés africaines et 90% aux Anglais et Afrikaans. En 1912, les Africains créent le Congrès National Africain (ANC), dont le but est de combattre la domination blanche sur l'Afrique. Les fondateurs de l'ANC étaient des gens éduqués, qui ne désiraient pas abolir le pouvoir des Blancs, mais seulement la suppression de la discrimination raciale et surtout pas utiliser la force. Nelson Mandela en était un membre assidu. Ils luttaient contre les lois telles l'interdiction aux Noirs d'aller à certains endroits, la séparation des Blancs et des Noirs dans presque tous les milieux et l'interdiction que les deux races puissent avoir des relations sexuelles. C'est en 1923 que le SANNC devient l'ANC. L'ANC lance une immense campagne. La "Freedom Charter".De nombreuses personnes iront en prison ou seront condamnées à l'exil. Les revendications demandent la fin de l'apartheid et un meilleur niveau de vie pour les travailleurs. En 1948, l'apartheid est définitivement mise en place. Le mot "Apartheid" signifie "séparation". " La plate-forme de Malan était connue sous le nom d'apartheid. Il s'agissait d'un terme nouveau mais d'une vieille idée. Littéralement, cela signifie séparation et le terme représentait la codification dans un système oppressif de toutes les lis et de tous les règlements qui avaient maintenu les Africains dans une position inférieure aux Blancs pendant des siècles. La ségrégation pratiquée au hasard au cours des trois derniers siècles allait être consolidée dans un système monolithique, diabolique dans le détail, inéluctable dans son objectif et écrasant dans son pouvoir. Le point de départ de l'apartheid affirmait que les Blancs étaient supérieurs aux Noirs, aux métis et aux indiens, et sa fonction consistait à fixer toujours la suprématie blanche. Comme disaient les nationalistes, l'homme blanc doit toujours rester le maître. Leur plate-forme reposait sur un seul terme : " baaskap ", littéralement la maîtrise, mais il s'agissait d'un terme très chargé de sens qui représentait la suprématie blanche dans toue sa dureté. L'Eglise réforme hollandaise soutenait cette politique et fournissait ses fondements religieux à l'apartheid en faisant des Afrikaners le peuple élu de Dieu et des Noirs une espèce subordonnée. Dans la conception du monde des Afrikaners l'apartheid et l'Eglise marchaient main dans la main. "p.91. La législation de l'Apartheid interdit presque tout contact entre les différents groupes ethniques, les mariages mixtes et la présence de non-blancs au gouvernement. Elle autorise la ségrégation dans les institutions et les lieux publics, limite le travail des Noirs à des travaux subalternes et leur impose le système du "pass". Les lois déterminent un lieu de résidence pour chaque groupe, un type d'enseignement ainsi que la profession qu'il peut exercer. De cette façon, les noirs sont écartés des emplois prestigieux ainsi que de la politique et du gouvernement. Quelques années plus tard, des émeutes s'étant produites, l'existence d'organisation politique noire est interdite. Les noirs sont chassés des territoires blancs et sont expédiés sur des territoires appauvris. La violence, les grèves, les boycottages et les manifestations organisées contre l'Apartheid se font de plus en plus fréquentes. Suite aux révoltes et à la chute de certains régimes coloniaux, le gouvernement est forcé de laisser tomber certaines restrictions.
À partir de ce moment, les africains n'ont plus le droit de posséder de terres, plus le droit de se déplacer sans autorisation et les mariages mixtes sont dorénavant interdits. De plus, des petites lois viennent ajouter des restrictions qui attisent les tensions entre noirs et blancs: les toilettes, les routes, les plages entre autre, sont séparées selon la couleur de peau des gens. " Malan fit voter le Group Areas Act- qu'il décrivit comme " l'essence même de l'apartheid " - qui exigeait des zones urbaines séparées pour chaque groupe raciale. Dans le passé, les Blancs avaient pris la terre par la force, maintenant ils la protégeaient par la loi. " p. 93

2)Des années 50 à nos jours :
En 1952, l'ANC invite la population noire à violer les lois de l'apartheid : 8000 personnes sont arrêtées. En 1955, élaboration d'une charte des droits et des libertés qui déclare que l'Afrique du Sud appartient à tout ceux qui y vivent, Noirs et Blancs. En 1960, l'ANC renonce à une résistance passive et décide de prendre les armes et d'effectuer de nombreux sabotages. " nous ne resterions pas passifs face à l'apartheid ". p. 98. Malgré l'arrestation et l'emprisonnement de son leader, l'ANC continue de fonctionner et de se révolter contre l'apartheid avec de nombreuses grèves, manifestations, révoltes et bien d'autres moyens. Plusieurs massacres accompagnent les révoltes et des milliers de jeunes quittent l'Afrique du Sud.
Le 21 Mars 1960, l'ANC organise une manifestation non-violente à Sharpeville. Paniquées, les forces de police ripostent en tirant au hasard sur la foule. Le bilan fait état de 180 blessés et de 69 tués sur 5000 manifestants. Les représailles ne se font pas attendre, en effet le 8 Avril 1960, l'ANC est décrétée inégale et 18000 membres sont arrêtés. Suite à une nouvelle loi autorisant seulement l'Afrikaner comme langue d'enseignement, une nouvelle vague de protestations, mais cette fois portée par les étudiants et les groupes communautaires donne lieu à une immense confrontation en 1976.
Plusieurs personnes y perdent la vie dont une dizaine d'enfants. En 1960, le gouvernement interdit toute organisation politique noire dont l'ANC. Jusque dans les années 70, on assiste à une politique de développement séparé : les Noirs sont regroupés dans les "Homelands". " La commission Tomlinson crée par le gouvernement proposait un plan pour le développement des prétendues régions bantoues. Il s'agissait en fait d'un projet de " développement " séparé " ou grand apartheid.. Ces " réserves " seraient des enclaves ethniques séparées, ou des homelands (foyers nationaux) pour tous les citoyens africains. ".p159. De 1975 à 1980, suite à une série de grèves, de boycottages et de violence de la part des adversaires de l'Apartheid, des réformes sont votées visant à alléger certaines restrictions, En 1984, le parlement s'ouvre aux Asiatiques et aux Métis, mais les Noirs en sont toujours exclus alors qu'ils représentent 75% de la population. Des homelands sont créé -régions semi-indépendantes où les personnes de différentes couleurs sont définitivement séparées. Dans les années 80, la tension monte terriblement. 14 000 personnes sont arrêtées, les bureaux fermés, les organisations deviennent illégales. De 1975 à 1985, des réformes autorisent l'existence de syndicats noirs et leur permettent une certaine forme de politique. Devant l'ampleur des mouvements de révolte, le gouvernement de Botha accepte une première négociation avec l'ANC et d'autres organisations. C'est alors que débute la lutte armée. les membres de l'ANC mettent en place une campagne de sabotage qui se traduira par des attentats.
Par la suite, les révoltes extérieures et intérieures se multiplient poussant le gouvernement à assouplir les lois de discrimination raciale en 1985. En 1989, les mouvements anti-apartheid lancent une campagne bien orchestrée contre l'apartheid et contre l'état d'urgence. En 1990, Nelson Mandela est libéré après 27 années d'emprisonnement. Le 27 avril, l'Afrique du Sud vote pour la première fois à des élections libres. Le parti de Nelson Mandela devra diriger le pays durant 5 ans
En octobre ce dernier effectue sa première visite aux États-Unis en tant que président, et le président Bush prône la levée des sanctions retenues contre l'Afrique du Sud. Le Comité olympique lève le boycott qu'il effectuait contre l'Afrique du Sud. Lorsqu'il arrive au pouvoir en 1990, Frederik W. De Klerk proclamera la fin de l'Apartheid et la création d'une nouvelle constitution. Le 2 Février 1990 il autorise l'ANC à exercer librement ses activités. C'est aussi lui qui est à l'origine de la libération de Nelson Mandela et des prisonniers politiques. De plus, il intensifie les négociations avec les différents représentants de la lutte anti-apartheid. L'ANC, avec Mandela à sa tête prends le pouvoir. Le défi est lourd et immense. Le peuple sud africain a malgré tout remporté deux grandes victoires: celle de la fin de l'apartheid et la mise en place d'une démocratie représentative. Cependant, la redistribution des richesses reste inégale et injuste. L'Afrique du Sud est le pays où l'écart entre les riches(blancs pour la majorité) et les pauvres(noirs pour la majorité) est le plus grand. La population quant à elle vit en majorité sans travail et dans des conditions extrêmement difficile. L'ANC suspend la lutte armée le 6 Août 1990, après deux rencontres avec le gouvernement après avoir eu beaucoup de difficultés. " Le gouvernement a vu la campagne comme une menace à sa sécurité et à sa politique d'apartheid. Il considérait la désobéissance civile non comme une forme de protestation mais comme un crime et il était inquiet de la collaboration grandissante entre Africains et Indiens. L' apartheid avait pour but de diviser les différents groupes raciaux et nous montrions qu'ils pouvaient travailler ensemble. "p112.

II/ Les conséquences en Afrique du Sud : les peurs sont toujours là :
1)De nouveaux problèmes :
C'est en Avril 1994 que grâce au célèbre " One man, one vote l'ensemble de la population d' Afrique du Sud, et non plus seulement la minorité blanche, a pu désigner par un vote démocratique celui qui devait présider le pays. L'apartheid est terminé, il n' y a plus de pancartes avec " Whites only ", grâce à des hommes comme Nelson Mandela. Mais, il semblerait en fait que l' écart dans les conditions de vie des nantis et des démunis se soit plutôt accru. Parmi les nantis, il y a des Blancs et des Noirs, la nouvelle génération de politiciens et d' hommes d' affaires; parmi les démunis, il y a des Noirs et des Blancs, atteints par le chômage. La politique "d' affirmative action" ou de discrimination positive en faveur de l' emploi pour les Noirs marche en effet pleinement; elle est inévitable et permet d' une certaine manière de rattraper les injustices du passé. Le " brain drain " atteint notamment les élites intellectuelles du pays - et pas seulement de couleur blanche. Ces élites partent, mais à contrecœur et pour différentes raisons. Celles le plus fréquemment avancées sont le souci de l' éducation et de l' avenir de leurs enfants et la criminalité. La criminalité n' est pas de nature raciale; elle a pour causes principales le chômage et la corruption. Ce sont ces deux fléaux que le gouvernement a tardé à combattre. Les 5 années de présidence de Nelson Mandela vont se terminer. Son successeur sera le vice-président actuel, Thabo Mbeki, il est le chantre de la " renaissance africaine ". Le pays est riche en ressources naturelles et intellectuelles. Il repose sur des infrastructures de qualité. Il est le pilier économique et moral de l' Afrique sub-saharienne. Il doit conserver et faire fructifier toutes ces potentialités au profit de tous. Le gouvernement construit des maisons, fournit l' électricité et l' eau aux plus pauvres, s' attelle à la tâche de donner à tous une instruction et des soins médicaux de base. Il s' emploie en même temps à financer la recherche scientifique au plus haut niveau et à développer les technologies de pointe. Il doit réunir les deux " mondes " séparés de l' Afrique du Sud, le monde des Occidentaux et celui des Africains.
Cependant, le racisme et la criminalité sont de véritables fléaux, ne serait-ce qu'à Johannesburg. Les lois ségrégationnistes ont été abolies mais l'Apartheid a généré des conséquences telles que le crime et le banditisme. Il faut éviter que les victimes du crime d'Apartheid d'hier ne soient les auteurs des crimes d'aujourd'hui. Les défis majeurs sont aujourd'hui la pauvreté, le crime et le chômage qui représente 80% de la population. L'Etat est critiqué par une partie de la société civile sud-africaine. . Les membres de l'ANC sont considérés par certains comme "des Blancs à la peau Noire qui n'ont plus de soucis pour leur peuple".

2)Conséquences sur l'espace sud-africain :
L'espace sud-africain est marqué -à différentes échelles- par les fractures qu'ont imposées la ségrégation raciale et l'apartheid. Les inégalités sociales extrêmes et les spécificités paysagères qui en découlent ne sont peut-être nulle part plus visibles que dans les grandes villes où elles se côtoient en permanence. De plus, du temps de l'apartheid, la ville était vue par le gouvernement comme un espace réservé aux Blancs : - Villes blanches : aérées, peu denses, riches, avec des espaces verts. - Villes noires, avec les townships (lieu d'exploitation de la main-d'œuvre) : densité extrême, pauvreté, compacité du bâti.
La période post-apartheid a entraîné une diversification encore plus forte des villes. Les mobilités n'existent pas, pas de déségrégation, La population pauvre, noire ou métisse, n'a pas les moyens de la mobilité. De plus, la ségrégation est aggravée avec la construction de logements sociaux en périphérie, le mélange n'est pas une priorité pour le pouvoir. Il y a d'autres urgences comme les logements à construire, la réduction des inégalités. les noirs riches ont le désir de quitter les townships : ils vont parfois dans les quartiers blancs, mais il n'y a pas de mélange, les couples mixtes sont très peu nombreux. Néanmoins, la politique d'ouverture à l'Océan Indien et à l'Union Européenne montre une Afrique du sud qui souhaite s'affirmer clairement comme un pays d'Afrique australe. Un blanc riche du nord de Johannesburg ne connaît que le nord. Il n'a rien à faire en centre ville : son travail et ses pratiques ont lieu dans les banlieues résidentielles du nord. Le centre ville est dangereux certes mais Soweto l'est encore plus et les blancs n'en ont aucune pratique, donc pas conscience. La première grande victoire de la société sud-africaine est l'idée que la population du township doit se réapproprier son territoire. En plus, la crainte du viol est la première préoccupation des femmes sud-africaines, ensuite lorsqu'un meurtre est commis, l'identification des criminels est nette : ce sont souvent des noirs. Il ne faut pas oublier qu'un période d'apartheid, il n'y avait que des Noirs en prison et que les gardiens étaient tous Blancs. " Les gardiens étaient blancs, essentiellement de langue afrikaans, et ils exigeaient une relation maître- serviteur. Nous avions l'ordre de les appeler baas, ce que nous refusions de faire. Sur Robben Island, la division raciale était absolue : il n'y avait pas de gardiens noirs et pas de prisonniers blancs. "p311
C'est pour cela que la littérature noire aborde avant tout la condition de vie des mines, des townships. La population blanche est davantage capable de se mobiliser pour la défense du patrimoine naturel. Le Cap est un exemple extrême de l'exclusion : les Noirs sont exclus de la ville jusque dans les années 1980. Le contrôle des migrations intérieures était très fort.
On peut donc se dire que, certes l'apartheid n'existe plus, mais que l'Afrique du Sud n'a pas encore surmonté d'innombrables difficultés qui ne sont que les conséquences de cette séparation inégalitaire entre les races.

 

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Mis à jour le 16 Juin 2001- Mise en page réalisée par Mylène Pardoen