Les personnages


Sommaire

- Eléa

- Païkan

- Coban

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Eléa (368 - 4.38936)

Divine beauté.

Elea est la perfection incarnée ;C'est la Beauté devenue femme, celle dont Simon deviendra amoureux au premier regard ainsi que l'ensemble des hommes l'ayant aperçu.

Ils te connaissaient tous, ils avaient tous vu sur leurs écrans la couleur de tes yeux, l'incroyable distance de ton regard, les formes bouleversantes de ton visage et de ton corps. Même ceux qui ne t'avaient vue qu'une fois n'avaient pu t'oublier.

Son buste amaigri, ses seins légers tournés vers le ciel étaient d'une beauté presque spirituelle, surnaturelle.

Et parmi tous les hommes qui, à ce même moment, regardaient sur leurs écrans l'image de cette femme, qui voyaient ces douces épaules pleines, ces bras ronds enserrant en corbeille les fruits légers des seins, et la courbe de ces hanches où coulait la beauté totale de la Création, combien ne purent empêcher leur main de se tendre, pour s'y poser ?.

Beauté universelle, surnaturelle, éternelle. Barjavel se lance dans une tentative de description de cette femme idéale, toute imagée, en commençant par son corps :

Ses seins étaient l'image même de la perfection de l'espace occupé par la courbe et la chair. Les pentes de ses hanches étaient comme celles de la dune la plus aimée du vent de sable qui a mis un siècle à la construire de sa caresse. Ses cuisses étaient rondes et longues, et le soupir d'une mouche n'aurait pu trouver la place de se glisser entre elles. Le nid discret du sexe était fait de boucles dorées, courtes et frisées. De ses épaules à ses pieds pareils à des fleurs, son corps était une harmonie dont chaque note, miraculeusement juste, se trouvait en accord exact avec chacune des autres et avec toutes.

Puis, lorsque le moment de son réveil approche et que le masque recouvrant sa figure est ôté, vient la description du visage :

Sa bouche fermée - nacrée par le froid et le sang retiré - était comme l'ourlet d'un coquillage fragile. Ses paupières étaient deux longues feuilles lasses dont les lignes des cils et des sourcils dessinaient le contour d'un trait d'ombre dorée. Son nez était mince, droit, ses narines légèrement bombées et bien ouvertes. Ses cheveux d'un brun chaud semblaient frottés d'une lumière d'or. Ils entouraient sa tête de courtes ondulations aux reflets de soleil qui cachaient en partie le front et les joues et ne laissaient apparaître des oreilles que le lobe de celle de gauche, comme un pétale, au creux d'une boucle.

Eléa, femme parfaite, va permettre à l'auteur de donner sa définition de l'amour parfait : véritable osmose des esprits et des pensées des amoureux :

Amour. (...) Depuis que je t'ai vue vivre auprès de Paikan, j'ai compris que c'était un mot insuffisant. Nous disons " je l'aime ", nous le disons de la femme, mais aussi du fruit que nous mangeons, de la cravate que nous avons choisie, et la femme le dit de son rouge à lèvres. Elle dit de son amant : " Il est à moi. " Tu dis le contraire : " Je suis à Païkan ", et Païkan dit : " Je suis à Éléa. " Tu es à lui, tu es une partie de lui-même.

- Je n'étais pas, dit-elle. NOUS étions...

Eléa, outre cette beauté éternelle, possède une intelligence hors du commun : elle a été choisie pour entrer dans l'Abri afin de perpétuer la vie et enfanter des êtres intelligents. Elle est la numéro trois sur la liste de l'ordinateur Gonda, regroupant l'ensemble des données sur chaque individu. L'ordinateur a choisi cinq femmes, pour leur équilibre psychique et physique, pour leur santé et leur parfaite beauté. Evènement allant à l'encontre de son gré puisqu'elle s'en trouve séparée de Païkan. L'ordinateur la définit comme : équilibrée, rapide, obstinée, offensive, efficace.

Mais plus qu'une figure de perfection, Eléa fait la liaison avec le passé. C'est en effet par elle que Simon d'abord, les savants ensuite, et le monde actuel enfin, connaissent la vie du monde d'il y a 900 000 ans, monde divisé en deux (à l'image de l'époque à laquelle le livre a été écrit), dans lequel s'affrontent deux nations : Gondawa, tout d'abord, idéale, égalitaire quoique quelque peu effrayante par la rigidité qu'implique son parfait fonctionnement et le classement opéré parmi ses habitants, puis Énisor, présenté comme un système barbare et anarchique, se montrant de plus en plus hostile et menaçant. Elle explique - et montre - la société qui fut la sienne ; la cérémonie de la désignation, lors de laquelle elle reçut son numéro (3-19-07-91), la hiérarchie, les craintes, les tensions, la fuite, la guerre...


Païkan ( 250 - 2.98191)

Comme Eléa, il est la Beauté incarnée côté masculin :

Le corps de l'homme donnait la même impression extraordinaire de jeunesse encore jamais vue.

Et parmi les femmes qui regardaient cet homme, combien furent brûlées par l'envie atrocement irréalisable de se coucher sur lui, de s'y planter, et d'y mourir ?

Il était blond comme le blé mûr au soleil. Ses cheveux lisses tombaient droit autour de son visage jusqu'à ses épaules fines où déjà les muscles esquissaient leur galbe enveloppé. Ses yeux noisette...

D'abord réticent à l'idée de voir Eléa accompagner Coban dans l'Abri, il se résigne ensuite, préférant la voir survivre sans lui plutôt que de la voir mourir avec lui :

Je viens te chercher ! Je briserai tout ! Je les tuerai

- Nous allons mourir ensemble, dit-elle. Il glissa sa main dans l'arme abandonnée sur l'herbe, se retira, et se dressa. Elle eut le temps de voir l'arme braquée sur elle. Elle cria : - Toi ! - Tu vas vivre, dit-il. Il tira.

Il est à Eléa qu'il aime d'un amour... éternel. Il ira jusqu'à tuer Coban pour prendre sa place dans l'Abri après une lutte sans merci. L'amour est plus fort que l'ordre établi. Eléa ne le saura pas. Et Païkan mourra de cette ignorance. Du sang même de sa bien-aimée.


Coban (169 - 2.01577)

La Connaissance.

C'est le savant universel. Il est le plus grand savant de Gondawa. Il sait tout ; « Coban sait » revient neuf fois dans l'ouvrage. C'est lui qui construisit l'Abri, par philanthropie, par amour de la Vie :

Cet homme ne pensait qu'aux autres hommes, et, au-delà des hommes, à la Vie elle-même, à ses merveilles, et à ses horreurs contre lesquelles il luttait en permanence, de toute son intelligence et de toutes ses forces.

Coban craignait... C'est pourquoi il a fait construire l'Abri où vous nous avez trouvés...

J'ai fait un abri qui résistera à tout. Je l'ai garni de semences de toutes sortes de plantes, d'ovules fécondés de toutes sortes d'animaux et d'incubateurs pour les développer, de dix mille bobines de connaissances, de machines silencieuses, d'outils, de meubles, de tous les échantillons de notre civilisation, de tout ce qu'il faut pour en faire renaître une semblable. Et au centre, je placerai un homme et une femme.

Par sa volonté de préserver et continuer la Vie à tout prix, il s'apparente à un personnage récurrent dans l'oeuvre de Barjavel : Monsieur Gé (« le Diable l'emporte, « une Rose au paradis, « la Tempête »). Mais ce rapprochement n'est valable que pour cet aspect : Monsieur Gé construit les abris parce qu'il a les moyens financiers, Coban parce qu'il a les connaissances. Son amour de la Vie et sa philanthropie font qu'il préfère prendre Eléa dans l'Abri plutôt que sa propre fille :

Regardez, dit Coban avec une gravité triste, celle que j'aurais choisi de sauver avec moi, si je m'en étais cru le droit...

Il a donc le sens du devoir et de sa Mission ; Il constitue en cela l'Espoir de l'humanité :

Un homme endormi et qu'on allait réveiller allait expliquer l'équation de Zoran qui permettrait de puiser au sein de l'énergie universelle de quoi vêtir ceux qui étaient nus et nourrir ceux qui avaient faim. Plus de conflits atroces pour les matières premières, plus de guerre du pétrole, plus de batailles pour les plaines fertiles.

Et espoir de l'humanité d'aujourd'hui, il fut un véritable dieu vivant à son époque : C'était l'homme le plus célèbre du continent. Il avait donné à ses compatriotes le sérum 3 qui les rendait réfractaires à toutes les maladies, et le sérum 7, qui leur permettait de récupérer si vite leurs forces, après quelque effort que ce fût, que l'équivalent du mot fatigue était en train de disparaître de la langue gonda.

En comparaison de ses connaissances, son physique est sans importance :

Dans son visage mince aux joues creuses, ses grands yeux noirs brillaient de la flamme de l'amour universel. Cet homme ne pensait qu'aux autres hommes, et, au-delà des hommes, à la Vie elle-même, à ses merveilles, et à ses horreurs contre lesquelles il luttait en permanence, de toute son intelligence et de toutes ses forces. Il portait ses cheveux noirs coupés court, à hauteur des oreilles. Il avait trente-deux ans. Il paraissait aussi jeune que ses étudiants, qui le vénéraient et copiaient sa coupe de cheveux.

Il portait la sévère robe saumon des laborantins, mais l'équation de Zoran, sur sa poitrine, était imprimée en blanc. Il marchait de long en large, pieds nus comme un étudiant...

Mais il est par son savoir l'objet des convoitises des puissances actuelles:

Chaque chef d'escadre avait pour instruction de ne laisser, à aucun prix, ce Coban partir chez le voisin.

Mais n'importe quelle république affamée ou quel tyranneau noir, arabe ou oriental régnant par la force sur la misère pouvait tenter contre l'EPI un coup de force désespéré, et s'emparer de Coban ou le tuer.

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Mis à jour le 17/11/02