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Résumé

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L'auteur

A propos
de l'apartheid

Biographie

C'est au 18ème siècle que la famille d'André Brink s'installe en Afrique du Sud. Elevé dans le milieu fermé et traditionnel des Afrikaners, ce n'est qu'une fois à la Sorbonne, en 1959, où il poursuit ses études de lettres, qu'il remet en cause le système d'Afrique du Sud. « Je suis né sur un banc du Luxembourg, à Paris, au début du printemps 1960 », écrira-t-il plus tard, après le massacre de Sharpeville où la police a tiré sur des manifestants. De retour en Afrique du Sud, il devient un des principaux représentants des Sestingers, la nouvelle génération d'écrivains afrikaners qui se révoltent contre les romans afrikaners, jugés dépassés, puis, par suite, contre les valeurs même de la tradition afrikaner atteignant ainsi le champ politique. André Brink, convaincu de la nécessité d'assumer ses responsabilités dans la société, s'engage dans la lutte contre l'Arpatheid en 1968. Son roman, Au plus noir de la nuit, publié en 1974, est interdit en Afrique du Sud pour pornographie. L'ayant lui-même traduit en anglais, ce livre connaît une large diffusion à l'étranger qui annonce le début de la reconnaissance internationale. Considéré comme le plus grand écrivain afrikaner contemporain, il voit un de ses romans couronné par le prix Médicis étranger en 1980 : Une saison blanche et sèche. Ce roman a été adapté au cinéma par la réalisatrice antillaise Euzhan Palcy. Actuellement, André Brink vit en Afrique du Sud où il est professeur à l'université du Cap. « Il m'est nécessaire d'être sur place pour faire mon travail d'écrivain » explique-t-il pour justifier sa présence en Afrique du Sud.

Bibliographie

Outre de très nombreuses traductions, en afrikaans, de plusieurs langues (anglais, français, espagnol, allemand), André Brink a publié en afrikaans une quarantaine de livres, dont certains non traduits en français : romans (L'Ambassadeur,1964 ; Au plus noir de la nuit, 1973 ; Rumeurs de pluie, 1979 ; Une saison blanche et sèche, 1979 ; Un turbulent silence, 1982 ; Le Vallon du Diable, 1999), pièces de théâtre (Bagasic, 1965; Pavane, 1974), critique littéraire (Aspekte van die nuwe prosa, 1967), récits de voyage (Potpourri, 1962 ; Olé, 1965 ; Midi, 1969), photographie (Portret van die vrou as 'n meise, 1974), humour (Malstories, 1984). Il a aussi écrit pour le cinéma et la télévision.

Laissons la parole à l'auteur (extraits d'interviews) :

Propos recueillis par Tirthankar CHANDA
http://www.humanite.presse.fr/journal/1999/1999-09/1999-09-11/1999-09-11-008.html

« […] En lisant Camus, j'ai compris combien il était futile de vouloir fuir la société dont nous sommes issus. Camus m'a aidé à assumer mes responsabilités envers ma société. […] Je me suis rendu compte qu'il fallait que je retourne en Afrique du Sud, qu'il ne suffisait pas d'avoir honte de ce qui s'y passait. Les événements de mai 68, mes lectures des philosophes français m'ont convaincu de la nécessité de retourner au pays pour mieux comprendre les racines du mal sud-africain. D'où vient ce racisme atroce ? Pourquoi les relations entre les communautés blanches et noires n'ont pas évolué autrement ? Je suis revenu en Afrique du Sud en 1969 avec la ferme résolution de vraiment faire face à toute cette situation immensément compliquée de ma société. Le premier roman qui est né de cette prise de conscience, c'était Au plus noir de la nuit, publié en 1973, […] mon premier roman militant. Le livre a été interdit presque tout de suite. Il est devenu le premier roman écrit en afrikaans à être interdit en Afrique du Sud. Cela a fait un énorme éclat dans la presse et a entraîné des conséquences personnelles sérieuses.

[…] Je savais dès l'âge de neuf ans que je serais écrivain. Ce qui m'intéressait dans l'écriture, c'est la relation très spéciale qui s'établit entre l'individu et le langage. Aussi loin que je puisse me souvenir, j'ai toujours été sensible à la texture des langues. J'éprouve une grande proximité avec les mots non seulement dans ma langue maternelle qui est l'afrikaans, mais aussi en anglais que j'ai appris à l'école ou dans d'autres langues que je connais: le français, l'italien, l'espagnol, l'allemand, le portugais. J'ai l'habitude, surtout quand j'apprends une nouvelle langue, de me promener en me parlant à haute voix dans cette langue pour m'accoutumer à ses sons, à son rythme. J'ai toujours éprouvé un sentiment très profond de communion avec le langage.

[…] Je crois toujours [que la littérature est une arme efficace contre la dictature. Il est vrai que l'on peut difficilement quantifier le changement qu'induit la littérature. Il faut faire confiance aux lettres que l'on reçoit, aux témoignages des lecteurs qui viennent dire à l'écrivain en quoi son livre a changé leur façon de vivre, leur façon de regarder la vie en face. J'ai eu plusieurs expériences de ce type, dont quelques-unes très touchantes. Je me souviens en particulier de lettres de jeunes Blancs à l'université qui me disaient une chose terrible : c'était à travers mes romans qu'ils se rendaient compte que les Noirs étaient aussi des êtres humains. C'est quelque chose d'affreux à avouer. Mais si un livre peut opérer un changement de ce genre, cela veut dire que la littérature peut faire quelque chose. Je détiens aujourd'hui une preuve beaucoup plus importante du pouvoir de la littérature. Je fais référence à l'une des expériences les plus cruciales de toute mon existence. Cela s'est passé à la fin du mois de mars. Mandela m'a invité à prendre le thé avec lui et nous avons passé la matinée ensemble, en tête à tête, avec personne d'autre. Le président était dans un état d'esprit très bavard. Il n'a cessé de parler. Et puis, à un moment donné, il a mis sa main sur la mienne et il m'a dit : « Tu sais, je te lisais en prison et tes livres ont changé ma vision du monde ». C'était pour moi la consécration suprême. Je pouvais mourir après cela, car qu'est-ce qu'on pouvait attendre de plus de la vie ?

[…] Il y aura certainement toujours une dimension politique importante dans tout ce que j'écris, car j'ai été marqué, formé par les expériences de l'apartheid. Mais je crois que ma façon de percevoir le monde autour de moi a aujourd'hui changé. A cause de la dure réalité de l'apartheid, on ne pouvait pas éviter à l'époque d'écrire d'une façon assez morne, grave, sérieuse. Notre militantisme nous laissait peu de loisir pour sourire ou pour rire. Maintenant, au contraire, il y a des raisons de célébrer, de se réjouir et de rire. Aussi peut-ont plus facilement utiliser l'humour et surtout exploiter une imagination plus libérée que dans le passé. »

N'hésitez pas à aller lire l'interview au complet qui est très intéressante !

Mis à jour le 28/11/02 - Réalisation collective