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Dernière mise à jour le 6/12/07

Inscription du réseau dans le thème 39-A 

Action / Territorialisation

du projet quadriennal 2006-2010 de l'UMR CNRS 5600 "Environnement, Ville, Société"

 

 Porteurs du projet : Franck Scherrer (Université Lyon 2) et Philippe Genestier (ENTPE)

 

1- Un fondement, des mots-clés

 

Les différentes composantes de l’ENS-LSH, de l’ENTPE, de Lyon 2 et Lyon 3 qui proposent de se fédérer dans ce thème de recherche rassemblent des chercheurs relevant à la fois des sciences du territoire - géographie sociale, géographie urbaine et économique, analyse spatiale, design urbain -  des sciences de l’action : urbanisme et aménagement, science politique, ainsi que d‘autres SHS : sociologie, histoire, anthropologie. Cette configuration est à la fois favorable et nécessaire pour une approche réellement interdisciplinaire, afin de saisir de façon globale la relation entre action sur les territoires (urbanisme, politiques territoriales, aménagement, développement local, économie territoriale) et dynamiques spatiales (recomposition des systèmes territoriaux, territoire et entreprises, nouvelles formes d’appropriation politique et sociale de l’espace, disparités socio-spatiales).

 

L’articulation des dispositifs de l’action collective et des dynamiques territoriales est un champ de recherche en soi dont la pertinence dans la société contemporaine ne cesse de croître : l’action collective, tant dans sa dimension cognitive que dans ses modes de faire et de savoir- faire, trouve de plus en plus sur son chemin la question des territoires, à la fois comme un problème de plus en plus envahissant et comme une solution pour se réformer. La demande sociale de recherche soulève toute une série de questions : La difficulté de prendre en compte la diversité territoriale et celle de ses acteurs ; la fin de la croyance dans l’optimum territorial et le territoire pertinent qui laisse orphelines les politiques de découpages du territoire (périmètres, zonages…) de leur principale justification ; l’articulation croissante des échelles de décision ; l’échec des injonctions normatives homogénéisantes et descendantes et le rêve éveillé que tout problème d’action publique peut trouver sa solution dans le territoire ; la nécessité de tenir compte de l’acceptabilité sociale des dispositifs techniques de la production de l’espace habité, ne sont que les premiers sujets d’interrogation d’une longue liste soumise à la recherche.

Les processus de l’action au service de, ou vers l’espace, sont complexes (entre modalités et moyens d’action, distribution des compétences et des pouvoirs, modes de « gouvernance », etc.) et méritent d’être analysés grâce aux outils des sciences politiques, de la sociologie, de la géographie et de l’aménagement/urbanisme. L’analyse de l’action ne peut en l’occurrence être réduite à celle de son contenu objectif, mais mérite d’être examinée comme un système d’images, de rêves, d’intentions, d’effets, de normes, de moyens, de résultats.

Les acteurs, quant à eux, ne se résument pas à ceux qui mènent les politiques publiques, ni même à la seule catégorie d’action collective. Cette dernière comprend certes les acteurs publics (politiques, cadres administratifs et professionnels, experts, institutions, etc.), mais aussi les entreprises, les groupes constitués de la fameuse «société civile », les organismes supranationaux, etc… Il faut y ajouter les individus, les sujets, dont les stratégies territoriales non concertées finissent pourtant, en s’additionnant,  par avoir des effets territoriaux bien tangibles.

Le territoire, dans cette optique,  est bel et bien analysé à travers les processus socio-économiques, politiques, anthropologiques, symboliques, de territorialisation induits ou produits par les acteurs. A travers des mécanismes d’identification, d’appropriation, de délimitation, de contrôle politique ou socio-économique, l’action collective structure l’espace à différentes échelles et fait naître du « territoire ». Le territoire n’est pas traité comme une catégorie a priori, mais comme un construit, étroitement relié aux effets de contextes sociaux, culturels, historiques et géopolitiques. Une large réflexion théorique invite à examiner les types de territoires (zonaux mais aussi réticulaires, circulatoires, etc.) produits par les différentes logiques d’action. Par ailleurs, la territorialisation de l’action collective est aujourd’hui un trait majeur, voire un lieu commun universel de l’injonction à la « bonne gouvernance », et son inflation sémantique dans le vaste champ de l’expertise de l’action collective n’est pas le moindre des défis à relever dans la perspective d’une construction scientifique de l’articulation entre action et territoire.

En ce sens, la notion d’espace garde toute sa pertinence si l’on accepte l’hypothèse que les transformations socio-économiques et politiques actuelles –  dont la mondialisation est un des aspects, mais non le seul – conduisent à déconstruire ou reconsidérer le jeu de certains acteurs, et faire resurgir de « l’espace » là où on croyait avoir construit du « territoire »., L’espace est donc envisagé à la fois comme objet, moyen, support, cadre, réceptacle, moule ou même simple prétexte à une activité humaine de façonnement de l’environnement et de structuration de la vie collective, mais aussi comme « envers » d’un idéal territorial quand les acteurs se montrent défaillants – ce que révèle a contrario cette incantation territoriale si fréquente aujourd’hui.

Enfin cette réflexion générale invite à placer au centre de la méthode d’analyse les jeux d’échelles à la fois temporels et spatiaux : de l’horizon mondialisé à la matérialité de la parcelle, les mouvements d’interaction, de délégation, de conflits ou de complémentarité entre les nombreux acteurs ne produisent plus mécaniquement les mêmes relations entre les territoires auxquels ils sont censés se référer. De même, les temps longs de la territorialisation anthropologique, de la transformation des formes spatiales et de l’injonction au développement durable sont sans cesse mis en tension avec les temps courts de l’action politique, les désynchronisations permanentes des rythmes des acteurs privés, publics, économiques et sociaux, et les nécessités d’une approche à la fois réversible, anticipative et modeste d’une action collective qui se projette dans un futur incertain.

 

2- Des enjeux de connaissance, une cohérence de questionnements

 

Une fois le cadre posé, le projet fédératif doit à la fois s’inscrire dans l’effort de capitalisation thématique et de terrain de long cours de chaque composante, proposer de nouvelles pistes travaillées en commun et se doter d’une programmation réaliste dans le temps limité d’une contractualisation. Compte tenu du capital d’expérience et des envies de recherche, cinq directions privilégiées se dégagent : La pluralité des modalités d’aménagement et de gestion des espaces urbains, la prise en compte des effets territoriaux dans l’action des entreprises, la normalisation du local, les référentiels territoriaux de l’action collective, les recompositions territoriales liées aux processus de l’action collective.

Le nombre de chercheurs impliqués dans ce thème de recherche est important, la diversité disciplinaire d’origine est bien sûr un atout, mais aussi une source potentielle d’incompréhension réciproque. Ce projet fait le pari du caractère heuristique de la mise en tension entre sciences de l’action et sciences du territoire, en se donnant les moyens de la mettre en œuvre. Ceci passe au minimum par l’instauration de deux dispositifs :

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Le premier sera l’organisation pendant toute la durée de la contractualisation d’un séminaire de « lectures croisées » de l’œuvre de grands témoins intellectuels contemporains ayant déjà abordé l’articulation entre action et territoire à partir d’entrées disciplinaires très diverses. Ces « lectures croisées » proposées par des chercheurs du laboratoire seront l’occasion à la fois le lieu d’une confrontation des systèmes sémantiques et herméneutiques propres aux champs disciplinaires, et celui d’un processus d’apprentissage collectif.

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Le second sera la préparation et l’organisation à l’horizon 2010 d’un colloque international de grande ampleur recoupant l’ensemble du thème de recherche. A titre d’exemple, le thème « temps de l’action, temporalités des territoires » permettrait de mettre en perspective le travail réalisé dans ce thème et de le confronter à d’autres approches développées ailleurs.

 

La production de recherche proprement dite peut être plus efficacement organisée en cinq sous-thèmes.

Sous-thème A - Configurations institutionnelles, temporelles spatiales et cognitives de l’action collective sur la métropole

A .1. L’action collective sur la métropole

A .2. Se représenter le territoire pour agir sur et par lui

Sous-thème B - De l’espace au territoire : acteurs et recompositions territoriales
Sous-thème C -  Mettre aux normes le local ? Action, représentation et territoire dans la gestion des risques urbains

Sous-thème D - Entreprises et processus de territorialisation 

Sous-thème E – Dynamiques culturelles et développement urbain